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Libération
Critique

Grizzly Bear, bien léchés

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Pop. Troisième opus «ouaté» des Américains.
publié le 30 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 30 juin 2009 à 6h53)

Dans une église, quatre garçons sont assis en rang. Sur leurs joues, un reflet trahit la porcelaine qu’ils ont en guise de peau. Leurs yeux aussi, immensément ouverts, sont un indice : les Américains de Grizzly Bear sont des pantins, le genre qu’on fait s’allonger pour fermer les paupières.

Sages comme des images, quasi immobiles, ils mêlent voix et chœur pour les diluer en apesanteur. Les joues roussissent, les dents deviennent luminescentes, une lueur se découvre sous leurs cheveux. Bientôt, la lumière explose : les quatre fantoches se transforment en feu d'artifice, se consument avec éclat. Fin du clip de Two Weeks, premier single extrait de l'album Veckatimest. Le morceau est empreint d'une pop qui gravite dans les hautes sphères. Il s'agit cependant du morceau le plus «accessible» d'un opus complexe, qui marque le retour du groupe originaire de Brooklyn, après Horn of Plenty en 2004 et Yellow House en 2006.

Si les deux premiers CD de Grizzly Bear étaient plus aigus que celui-ci, reconnaissons à ces drôles d’ours le mérite d’avoir élargi leur répertoire à des sonorités moins escarpées - même si ce troisième album, très travaillé, et par instants capricieux, ne dévoile ses charmes qu’à l’usure de plusieurs écoutes.

C’est que Daniel Rossen (chant, guitare), Ed Droste (idem), Chris Taylor (basse) et Christopher Bear (batterie), n’aiment ni l’évidence ni la simplicité, et ont pour eux une virtuosité technique qui leur permet de composer des a