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TRIBUNE

Michael Jackson, le dernier dandy

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par Daniel Salvatore Schiffer, Philosophe et écrivain.
publié le 30 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 30 juin 2009 à 6h53)

Ainsi le «Roi de la pop», icône planétaire et idole transgénérationnelle, Michael Jackson, être que l'on aurait pu croire immortel tant il avait incorporé, au prix d'invraisemblables et parfois douloureuses transformations de son apparence physique, jusqu'au mythe de l'éternelle jeunesse, est-il mort. Et avec lui - s'il est vrai, comme le préconisait cet aphorisme phare du dandysme wildien, qu'«il faut soit être une œuvre d'art, soit porter une œuvre d'art» - l'un des derniers et vrais dandys de notre temps.

La trajectoire de sa vie n’est pas sans rappeler, pour le meilleur (son talent, sa fortune et sa gloire) comme pour le pire (ses procès, sa ruine et sa déchéance), certaines des caractéristiques de l’existence d’Oscar Wilde.

Au premier chef, l'esthétisation de soi : faire de sa personne, fût-ce dans l'excentricité, une œuvre d'art. Wilde l'avait expressément établi : «Le premier devoir dans l'existence, c'est d'être aussi artificiel que possible», écrit-il en ses très subversives Formules et maximes à l'usage des jeunes gens.

Charles Baudelaire, autre impeccable dandy, ne disait pas autre chose lorsque, parlant là des bienfaits de la mode et y opposant les attraits de l'artifice aux méfaits de la nature, il affirmait, en son très séduisant Eloge du maquillage, que «la mode doit être considérée comme un symptôme du goût idéal surnageant dans le cerveau humain au-dessus de tout ce que la vie naturelle y accumule de grossier, de terrestr