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Libération
Reportage

Vues d'esprit à Dortmund

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Vingt-deux artistes contemporains tentent de rendre perceptible l'invisible en détournant la technologie
publié le 30 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 30 juin 2009 à 6h53)

Sous le ciel plombé de Dortmund, à l’ombre d’un haut-fourneau abandonné, impressionnante relique d’un passé industriel révolu, un néon bleuté éclaire l’entrée d’un gigantesque entrepôt. Sous la lueur spectrale, un poste de radio crachote en continu : brouillard sonore d’où émergent à intervalles réguliers des messages elliptiques.

On n'aurait pu rêver meilleur endroit pour accueillir l'exposition «Wach sind nur die Geister» (Seuls les esprits sont éveillés), que le Hartware MedienKunstVerein (HMKV) consacre «aux fantômes et à leurs médias» dans la halle Phoenix, 2 200 mètres carrés au milieu d'une zone autrefois consacrée à la production d'acier, en pleine reconversion high-tech. La métropole de la vallée de la Ruhr, future capitale européenne en 2010, mise sur les nouvelles technologies pour sortir de la crise.

Son. De fantômes pourtant, on n'en verra guère. Pas d'ectoplasmes effrayants ni de tables tournantes dans cette subtile exposition d'art contemporain qui a choisi le son comme fil d'Ariane. Plus précisément un phénomène étrange connu sous le nom d'EVP, ou Electronic Voice Phenomenon (Libération du 14 août), révélé il y a cinquante ans par le Suédois Friedrich Jürgenson. Chanteur d'opéra, peintre et archéologue, il découvre qu'à l'aide d'un simple micro, un magnéto à bande ou une radio réglée sur certaines fréquences, il pouvait capter les voix des morts (lire page suivante). Il consacrera le reste de sa vie à ces enregistrements const