Oh Yeong-jin est un Sud-Coréen qui a travaillé au Nord en 2002 comme technicien du bâtiment, en coopération avec des Nords-Coréens. Il en a rapporté des notes qu'il a mises en planches, dans un style aussi rachitique qu'efficace. Ce deuxième et dernier tome, comme le précédent, se découpe en saynètes de mœurs, tantôt politiques, tantôt intimistes, qui font un pendant autochtone au célèbre Pyongyang de Guy Delisle. Monsieur Oh, en effet, considère la Corée du Nord comme son propre pays, mais aliéné, et son point de vue balance sans cesse entre critique théorique et sympathie humaine, sur fond d'espoir de détente.
La plupart du temps ses collègues et lui sont cadrés par les contrôleurs du Nord, circulent en voiture dans des «corridors» virtuels, et sont interdits de relations avec les habitants du village. L’échange interculturel est donc limité au chantier. Mais l’émotion l’emporte sur l’agacement, comme dans cette scène assez représentative, traitée avec humour et pudeur poétique, où un «camarade» douanier inspecte les vivres des Sud-Coréens et s’émerveille devant des nouilles instantanées avant de se faire offrir par Oh une minipince qui le fascine.
Entre les mille et uns détails vrais racontés, Oh a ajouté des pages de textes «informatifs» sur les événements politiques depuis la mort de Kim Jong-il ou le statut de l'artiste en Corée du Nord, mais aussi sur «le concours de la nouvelle anticommuniste» qu'organisait naguère chaque école du Sud