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Critique

Craig, retour de marionnettes

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Exposition. La maison Jean-Vilar présente une sélection du fonds du scénographe et graveur britannique.
publié le 22 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 22 juillet 2009 à 6h52)

Un buste de jeune femme datant du XVIIIe avec un visage qui fut sans doute un masque mortuaire et des bras articulés. L'écrivain allemand Otto von Taube disait avoir vu Edward Gordon Craig manipuler cette «marionnette» en 1905 à Berlin. Elle lui paraissait plus expressive qu'un acteur en chair et en os. Cette découverte lui avait donné la matière d'une nouvelle. Au repos, roidi depuis belle lurette, l'objet reste troublant. La marionnette, achetée par Craig en 1907, faisait partie de sa collection, vendue en partie de son vivant à la Bibliothèque nationale de France (BNF). Né en 1872 à Londres, Craig a passé les trente dernières années de sa vie en France, avant de mourir à Vence le 29 juillet 1966.

De ce fonds considérable (sa bibliothèque, de nombreux manuscrits, dessins et gravures, une partie de sa correspondance, des marionnettes), l’exposition organisée par la BNF, Themaa (1) et la Maison Jean-Vilar ne présente que soixante-dix pièces. Mais la sélection donne une idée de l’œuvre et de la pensée protéiforme de ce graveur-scénographe, fils d’une des grandes actrices de son époque, Ellen Terry.

S'il abandonne tôt la comédie, Craig s'initie à la gravure puis imagine quelques mises en scène, dont beaucoup ne verront pas le jour. Dans son travail de scénographe, il réalise des maquettes en volume, comme celle réalisée pour Hamlet, exhumée à Avignon. La première de la pièce se tiendra à Moscou en 1912. Pour montrer l'échelle du décor, il fabrique de