Ceux qui ont découvert Brüno il y a un mois sur le plateau du Grand Journal en parlent encore : notre grand gaillard blond essayait de faire avouer à Denisot un penchant irrépressible pour les garçons et, pour ce faire, se déshabilla et, en l'espace de trois déhanchements, offrit à la vue générale une parure unique : un slip Sarkozy bigarré surmonté d'une trompe d'éléphant - jusqu'ici le musée de la mode n'a toujours pas fait d'offre. D'une certaine façon, on peut dire que les présentations étaient faites. Brüno surgissait dans son élément naturel : le plateau de talk-show. C'est là, en trublion de Channel 4 que le Londonien Sacha Baron Cohen s'est fait connaître dans les années 90, développant quelques doubles maléfiques dont l'inexistence dans le monde réel lui assurait de pouvoir oser débiter des horreurs, et de faire imploser le politiquement correct. Car Sacha Baron Cohen est notoirement fou. D'un point de vue psychiatrique, il développe un sens du dédoublement qui frôle la schizophrénie.
Gonzo. Peu de gens peuvent se vanter d'avoir parlé à Sacha Baron Cohen «en personne». Et encore moins des journalistes. Il ne donne pas d'interviews sous sa véritable identité et fait répondre ses avatars : Ali G, le rappeur bling-bling, Borat, le journaliste kazakh gonzo, et désormais Brüno, fashion victim autrichienne qui rêve de conquérir l'Amérique. Chaque personnage est fondu dans des codes vestimentaires et langagiers décousus, à l'opposé les uns