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Libération
EDITORIAL

Zelig

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publié le 22 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 juillet 2009 à 6h51)

«Il n'y a que deux choses vraiment tristes dans la vie, la naissance et la mort, tout le reste est à se rouler par terre», lâchait un jour le Socrate américain Jerry Lewis. Depuis une petite décennie, l'incontrôlable zozo anglais Sacha Baron Cohen marque l'époque.

Après Ali G, son rappeur en solde qui allait répétant, blafard, «nous les Blacks», après le terrifiquement con Borat, abruti sexiste à l'hypermoustache Groucho, le nouveau Zelig de l'éternel humour juif revient dans sa version paroxystique. Baron Cohen et ses avatars - tous journalistes - gênent. Parce qu'ils disent tout haut ce que les cons qui sommeillent en nous pensent tout bas. Parce que le personnage a le courage physique de mettre en scène sa nullité, ses ratages, ses fiascos : il rejoue l'infamie moyenâgeuse, mais cette fois en diffusion planétaire, avec MySpace et Twitter en catalyseurs. Ses personnages à identités multiples n'en dessinent aucune, si ce n'est celle de la bêtise globale. Nul ne sait ce qui le pousse. Nul n'en répond. C'est bien ainsi. Tout juste peut-on repérer au milieu de cette schizophrénie maîtrisée quelques-unes de ses cibles favorites : la dictature molle du politiquement correct et son pendant, la victimisation des minorités. Ajoutez à cela la vacuité ambiante organisée par le celebrity system, qui nous fait nous suspendre au moindre babillage du plus misérable des talk-shows. Paris Hilton fait profession d'être célèbre. Lindsay Lohan l'est grâce à son anore