La vie en communauté : tel est, spectacle après spectacle, le grand sujet de Christoph Marthaler, qui sera, l’année prochaine, au côté de l’écrivain Olivier Cadiot, l’artiste associé du festival. Les individus auxquels le metteur en scène suisse s’intéresse n’existent que par leur appartenance à un corps social.
Les premières images de sa nouvelle pièce le disent bien ; lorsque toutes les femmes figées sur scène s'animent, elles le font en fonction des autres, soit que le geste de l'une se retrouve repris à l'unisson, soit qu'il déclenche par réflexe d'autres gestes. Quant aux hommes, ils débarquent en groupe de bureaucrates interchangeables, l'un d'eux jouant pour tous les autres la comédie du retour à la maison («Bonsoir chérie, je suis en retard», etc.), en passant successivement d'une femme à l'autre.
La communauté porte un nom : Riesenbutzbach, une localité qui ne figure pas dans l'atlas (il existe un Butzbach au nord de Francfort), qualifiée de «dauerkolonie» («colonie permanente»), ce qui peut renvoyer à la Colonie pénitentiaire de Kafka. Le décor d'Anna Viebrock permet de se faire une idée très précise du lieu, qui agence de façon onirique des éléments réalistes et mêle indissociablement espaces privé et public.
«Institut des industries de fermentation», la raison sociale de l'entreprise où ils travaillent est inscrite au fronton. On distingue nettement le bureau du patron, au fond derrière une paroi vitrée, et le comptoir où se tient le compt