C'est devenu une habitude. Chaque soir, à 19 heures, Pierre Henry, 81 ans, pionnier de la musique électroacoustique, reçoit son public chez lui, dans l'intimité de sa maison sise au fond d'une ruelle du XIIe arrondissement parisien. Accueillie par le comédien Jean-Paul Farré pour une re-création de Dieu, d'après l'épopée hugolienne inachevée, la quarantaine de spectateurs, initiés ou curieux, s'engouffre dans l'antre du maître qui ouvre toutes les portes. «Ça permet de donner un plaisir d'écoute nouveau. Dans une salle de concert, on joue pour une entité humaine abstraite. Etre proche, c'est assez rare à notre époque», estime Pierre Henry, rejoignant ses hôtes pour un pique-nique dans la courette, à l'issue du spectacle.
Le vétéran n'est pas près de ranger ses micros, préparant une création pour Varsovie, en septembre, et une «rétrospective secrète» aux Bouffes du Nord, en octobre. Dans le cadre de Paris Quartier d'Eté, il présente jusqu'au 8 août Dieu à la maison, dans son étonnante demeure aux allures de petit musée d'art brut. Des «peintures concrètes» recouvrent tous les murs, enroulées autour de l'escalier en colimaçon, du sous-sol à la chambre au dernier étage, jusque dans les toilettes. Sur des panneaux de bois contreplaqué, s'amoncelle du matériel électronique démantibulé, bobines en fil de cuivre, circuits imprimés, bande magnétique, vieux magnétophone démonté qu'il «reconstruit en peinture», prolongeme