Du jamais vu : Henri Cartier-Bresson à nu, sans la dévotion, les chichis et autres falbalas du monde si dogmatique de la photographie contemporaine. D’où la nécessité de courir au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le MAM, dirigé par Fabrice Hergott, enraciné tout près de la Seine. Chargée des collections photographiques depuis l’automne 2001, Emmanuelle de l’Ecotais y présente un Cartier-Bresson impérial, quasiment inédit, puisque les 69 images accrochées sur les murs avec des aimants sont restées longtemps dans les réserves. En attente de jugement.
Que représentaient donc ces tirages gélatino-argentiques en noir et blanc, les documents de l'un des fondateurs de l'agence Magnum, ou l'ensemble précieux d'un futur artiste ? C'est Cartier-Bresson, mort en 2004, qui en fit don au MAM en 1982, en un geste courtois, qui remerciait à la fois le musée et sa directrice, Bernadette Contensou, de l'avoir accueilli deux fois : avec ses photographies (1980), puis ses dessins (1981). Le trésor ainsi offert se composait de 73 images, 4 ont disparu. HCB les avait lui-même choisies pour la première Triennale de photographie, en 1975, à Fribourg, en Suisse. Son titre : Hommage à Henri Cartier-Bresson. Simple comme bonjour. Dans son discours d'inauguration, Michel Terrapon, le directeur de la Triennale, conservateur au musée d'Art et d'Histoire, rend hommage à la profession : «[…] Avec la complicité de la lumière, les photographes ont réalisé le plus vieux rêve des hommes,