N’allez pas croire que Jean-Paul Blachère est un illuminé. Juste un type éclairé. La lumière, c’est son job. Avec son entreprise d’Apt, dans le Vaucluse, il illumine les rues des villes. Mais c’est le continent noir qui l’attire. En 2004, il a créé une fondation d’entreprise pour soutenir l’art contemporain africain. Elle est installée dans la zone industrielle d’Apt, et c’est déjà tout un concept. La fondation vit à l’écart de la ville, comme l’art contemporain africain vit, malgré lui, à l’écart de l’art. On y est accueilli par un étonnant taxi-brousse immobile du sculpteur Zinkpé, un bronze d’Ousmane Sow, une forêt de Ndary Lo… Une galerie-librairie-boutik a fait d’un hangar une case africaine.
L'expo «Animal, anima», réalisée avec le musée des Confluences à Lyon, réunit dix artistes qui se réfèrent à un conte pour montrer comment l'animal hante la création. Cheikhou Bâ multiplie les vaches miniatures, Aimé Mpané fait danser des singes. Andries Botha couche un éléphant en bois blessé. Soly Cissé peint une étrange Période de chaleur animale.
L'endroit, improbable, vaut le déplacement. Son fondateur explique simplement qu'il voulait «donner du sens» à sa vie. «Je suis amoureux de l'Afrique comme d'une femme, dit Blachère, 59 ans. C'est viscéral. Elle m'a beaucoup apporté à un moment où j'avais besoin d'elle. C'est donc un moyen de le lui rendre.» Il a d'abord tâté de la statuaire dogon, avant d'aller vers l'art contemporain. Un domaine où,