Parti en repérage sur les traces de la présence italienne dans la corne de l'Afrique, Marco Barbon, né en 1972 à Rome, s'arrête d'abord à Asmara, capitale de l'Erythrée, indépendante depuis 1992. C'est le point de départ idéal pour son projet. Rien ne presse, la lumière africaine lui tient compagnie, il partira plus tard en Ethiopie, puis en Somalie. Mais la ville qu'il découvre le subjugue, et le voici soudain, comme un Asmarin de souche, littéralement envoûté. Il ne sait plus trop où il est. Il se croit ailleurs. Comme dans un rêve, «tout semble avoir un autre rythme, un autre déroulement : tant les choses que les personnes apparaissent plus aériennes, plus subtiles, plus abstraites, comme si elles étaient suspendues dans un limbe en dehors du temps.»
Agent 008. Et cette sensation ne fait que croître, en balade avec son appareil photo dans les rues, tout le ravit. Puissance d'attraction d'Asmara, autrefois peuplée par les colons italiens désireux d'y construire une nouvelle Rome, et y laissèrent une empreinte si forte que Marco Barbon s'y laisse prendre à son tour. La façade céleste et monumentale de Fiat Tagliero, le barbier, un lampadaire Arts-Déco, le gardien du bowling, le bar Vittoria et ses macchiatos. Et même le hall d'accueil du cinéma Odeon, où trône toujours l'affiche d'un film d'espionnage signé Umberto Lenzi, en 1965, avec l'agent 008 (Ingrid Schoeller) et l'agent 006 (Alberto Lupo), coincés dans une sale histoire d'antiradar qui fini