Schnell, schnell, Franz, on va être en retard au bal. Franz hésite, cravate couleur perle, couleur prune avec son Prinzcostume trois pièces. Bref, au final, vingt minutes de retard, et comme nous le fait perfidement remarquer la dame pour le moins endimanchée qui nous accueille dans cette ravissante petite gâterie du XIXe siècle au cœur de Vienne, «à Vienne, 19 heures c'est 19 heures, pas 19 h 20». Ach, c'est râpé pour l'intégration. Franz, magne-toi le fion.
Vestiaire, les pimbêches qui y sévissent regardent votre servante d'un air torve. Quoi, j'ai déjà le rouge qui bave et le chignon en travaux, radasses ? Allez sans rancune, hein, on rentre dans les sublimes salles à parquet qui donnent sur un tout aussi sublime jardin (public aujourd'hui), où l'orchestre sur estrade a déjà gaillardement attaqué As Time Goes By et les Feuilles mortes qui, ici aussi apparemment, se ramassent à la pelle (c'est du Strauss, ça ?).
Franz (avec chéri, on s’appelle respectivement Franz et Sissi depuis l’atterrissage à Vienne, c’est pouffant, d’autant qu’on est sur les traces de Franz et Sissi, justement). Franz donc, encore à peu près sobre, cherche le bar d’un air hagard. Il n’y en a pas encore d’ouvert, c’est l’heure de se placer et, tu vas rire, Franz, mais ils ont déjà commencé.
Quelques dizaines de tables, des serveurs affairés et très pros, une féerie de déguisements divers, smoking et costard pour monsieur, débauche de perlouzes, couleurs baroques (forc