En 1956, Jean-Michel Charlier - scénariste de Buck Danny, Tanguy et Laverdure, Barbe Rouge, ou mille autres histoires - et Albert Uderzo - qui dessinera Astérix - sont des parias de l'illustré. Avec René Goscinny, ils ont lancé quelques mois plus tôt une charte de défense des auteurs-dessinateurs de ce qu'on n'appelle pas encore «le 9e art».
Eau de rose. Virés par leurs éditeurs respectifs, ils se retrouvent «à la rue, dans des conditions effroyables», comme le racontera Charlier (1). Plus un éditeur n'acceptant de les faire travailler, Charlier et Uderzo ouvrent leur agence (EdiFrance/EdiPresse) et proposent leurs créations à des journaux tels Benjamin et Benjamine ou Paris Flirt. C'est là que paraît Clairette, savoureuse BD policière et sentimentale comme on en produit en ces années 50 : l'histoire d'une jeune fille dont le frère, abandonné à sa naissance, est héritier d'une fortune. Cette intrigue à l'eau de rose, Charlier la rend haletante en multipliant, comme toujours, les rebondissements, jusqu'au happy end (Clairette épouse un beau jeune richard). Uderzo dessine la chose au trait réaliste noir et blanc, prisé à l'époque : le style des strips de France Soir, ou des dessins d'actualité, qui lui permettent de survivre dans ces années de vaches maigres.
Clairette (2) paraît en album vingt ans après la mort de Charlier, aux éditions Sangam, dont l