Traduit à la faveur du raout spécial Belge d'Angoulême 2009, ce premier album du flamand Randall Casaer, né en 1967, plaira aux linguistes, aux amateurs de Fred, de Jason voire de Frédérik Peeters, aux canards en plastique qui parlent, aux psys et à tous ceux qui veulent se faire sucer par Natacha (non, pas l'hôtesse de l'air), bonne «comme une pute catalane qui a la bouche pleine de beurre chaud». Mis à part cette dernière réplique un peu cérébrale, le reste est tout onirique, comme le titre l'indique. En général, ça se passerait comme ça : un garçon, une fille et leur chien savant marchent dans un paysage un peu désert, à peine poursuivis par un éléphant, tout en devisant pour savoir s'ils sont éveillés ou non. Au bout de quelques pages, on comprend que l'éléphant ne les visait pas mais courait vers une éléphante pour la saillir. Pendant ce temps, dans des chapitres alternés, Igor et Olav font des expériences sur le langage : «Si on n'employait que des verbes aujourd'hui ?» Par exemple «boulanger». On se demande si la main commence au poignet ou ailleurs et à force d'admettre qu'il n'y a pas de différence entre vivre et dormir, on pense et on finit donc par être. C'est beau, lent, parfois rentre-dedans, en trait crémeux et hachuré à la fois, avec des récits enchâssés comme celui de la femme qui a recueilli le chien des héros et lui a fait don d'une boîte contenant la faim : «"Tu vois, tu n'es plus un chien, tu es un loup. Tu
Critique
Expériences oniriques de Randall C.
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par Eric Loret
publié le 7 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 7 août 2009 à 6h52)
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