L’animal grogne à peine à l’approche des visiteurs. Il fait la sieste sous un arbuste dont les branches ploient de baies. Il relève une oreille, ouvre un œil. Pas farouche mon cochon. Un bas de son échine, sur son cuir sombre, les soies noires forment un drôle d’épi, comme un tourniquet, qui signe la race. Le porc noir de Bigorre. Une bête vigoureuse et goûteuse qui murit lentement et se nourrit dans la nature, sur les drôles de collines asymétriques de Bigorre. Les versants exposés à l’est sont en pentes douces, on y cultive les céréales. Les versants ouest sont abrupts, on y lâche le noir de Bigorre. Outre son toupet de soies, on le reconnaît aux oreilles en béret qui lui tombent sur les yeux et aux pattes fines et hautes, au jambon allongé, moins arrondi que celui du porc rose. Il grimpe pour chercher l’herbe, les cerisiers sauvages, les prunelles, les châtaignes, les glands des chênes pédonculés. Et tout ce que son groin, allongé et mobile, peut trouver dans le sol.
Greniers. Avant, le noir de Bigorre se trouvait dans toutes les fermes bigourdanes (dans les Hautes-Pyrénées, le Comminges, et un bout du Béarn). Animal idéal pour ces petites exploitations vivant en autarcie, il faisait beaucoup de gras, s'élevait en extensif, profitant des ressources du milieu. Les jambons séchaient alors dans des greniers à clairevoies où s'engouffrait le foen, vent tempéré, pas trop fort. Puis le déclin est venu, à partir des années 20. Toujours la même histoire. L'urbanis