Jamais la France n’a connu une telle ferveur populaire depuis la Révolution. A Lyon, ce sont 30 000 personnes qui s’écharpent pour tenter de l’apercevoir… Objet du désir ? «Zarafa», la première girafe à poser un sabot en France, le 31 octobre 1826. Cadeau du pacha d’Egypte Méhemet Ali au roi de France Charles X, elle a navigué sur un bateau spécialement aménagé pour que son long cou émerge sur le pont.
A Marseille, elle est accueillie par le préfet qui, craignant le harcèlement de la foule - car la rumeur va bon train sur la «merveille verticale» débarquée d’Afrique -, a fait construire un gigantesque abri. Une fois les rigueurs de l’hiver passées, un cortège bigarré entame la montée vers Paris. Autour de Zarafa - de l’arabe «zerafa» qui signifie aimable -, deux antilopes, trois vaches pour fournir les 20 à 25 litres de lait qu’ingurgite chaque jour le fabuleux animal, deux mouflons, deux palefreniers arabes, deux cornacs égyptiens, le tout sous la houlette d’un illustre naturaliste : Geoffroy Saint-Hilaire, fondateur de la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris, qui est venu chercher le «cadeau».
Le voyage, triomphal, dure quarante et un jours. Lorsqu’il pleut, Zarafa arbore la pèlerine en taffetas ciré portant les armoiries royales que Saint-Hilaire lui a fait confectionner ainsi que des bottines pour protéger ses sabots.
La belle Africaine, entrée dans la capitale le 30 juin, est présentée au roi le 9 juillet. Puis elle gagne le Jardin des plantes où elle subit durant de