De quelle vie dois-je parler ? De celle du joueur de backgammon et de poker professionnel ? De l’auteur ? Du peintre ? Du footballeur nîmois qui a failli être pro ? Du drogué qui côtoyait la beat-generation? Du père de quatre enfants ? De l’homme à femmes ? Du psychanalysé, repenti amusé de lui-même ? Du New-Yorkais ? Du Parisien ? Du type rugueux de Lure ? Comment toutes ces vies peuvent-elles tenir en un seul homme ?
Certes, le type a de l’embonpoint. Gérard Duguet-Grasser ressemble à ce portrait de Gustave Flaubert en chemise blanche. Pourtant, il semble à l’étroit dans son corps. Le débit est lent, l’œil vif. Il me scrute, mais c’est lui qu’on dissèque ce soir, de lui qu’on doit parler.
On s'est donné rendez-vous au Chateaubriand, ce restau tenu par le chef dont on parle tant : Inaki Aizpitarte. Gérard Duguet-Grasser habite à côté. Il est là avant moi. Al'eau. «Je suis malade», se justifie-t-il, et il n'aura de cesse de le faire auprès des serveurs. Il n'a pas d'appétit, demande à être pardonné. Il sait ce que c'est, adore être aux fourneaux, il a une «cuisine à cent mille balles».
L'argent, il s'en fout, dès qu'il en a, il le dépense comme on le jette. On lui a dit qu'on devenait riche quand on écrivait des tubes… Entre autres choses, il a écrit un chef-d'œuvre sur l'avant-dernier album de Julien Clerc. Place Clichy est un texte pur, simple, dépouillé. Un texte que n'aurait pas renié Simenon. Poétique, une simple description, si simple que seul u