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portrait

Bluffant

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Inconnu/Connue 4/9. Gérard Duguet-Grasser par Amanda Sthers*. La scénariste et réalisatrice fait découvrir ce parolier de Julien Clerc, peintre, joueur de poker, enfant de 60 ans, homme aux mille vies.
par Amanda Sthers, cinéaste, auteure de théâtre et écrivaine.
publié le 21 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 21 août 2009 à 6h52)

De quelle vie dois-je parler ? De celle du joueur de backgammon et de poker professionnel ? De l’auteur ? Du peintre ? Du footballeur nîmois qui a failli être pro ? Du drogué qui côtoyait la beat-generation? Du père de quatre enfants ? De l’homme à femmes ? Du psychanalysé, repenti amusé de lui-même ? Du New-Yorkais ? Du Parisien ? Du type rugueux de Lure ? Comment toutes ces vies peuvent-elles tenir en un seul homme ?

Certes, le type a de l’embonpoint. Gérard Duguet-Grasser ressemble à ce portrait de Gustave Flaubert en chemise blanche. Pourtant, il semble à l’étroit dans son corps. Le débit est lent, l’œil vif. Il me scrute, mais c’est lui qu’on dissèque ce soir, de lui qu’on doit parler.

On s'est donné rendez-vous au Chateaubriand, ce restau tenu par le chef dont on parle tant : Inaki Aizpitarte. Gérard Duguet-Grasser habite à côté. Il est là avant moi. Al'eau. «Je suis malade», se justifie-t-il, et il n'aura de cesse de le faire auprès des serveurs. Il n'a pas d'appétit, demande à être pardonné. Il sait ce que c'est, adore être aux fourneaux, il a une «cuisine à cent mille balles».

L'argent, il s'en fout, dès qu'il en a, il le dépense comme on le jette. On lui a dit qu'on devenait riche quand on écrivait des tubes… Entre autres choses, il a écrit un chef-d'œuvre sur l'avant-dernier album de Julien Clerc. Place Clichy est un texte pur, simple, dépouillé. Un texte que n'aurait pas renié Simenon. Poétique, une simple description, si simple que seul u