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Libération

L’oiseau de Tokyo

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Initié par «Libération» et l’Association pour l’aide aux jeunes auteurs, le concours de reportages sur le voyage, parrainé par Erik Orsenna, est de retour. Voici le texte de la deuxième lauréate de l’édition 2009.
par LOUISE TRAON
publié le 22 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 22 août 2009 à 6h52)

Ce matin, Yuko s'est levée tôt, tu entends l'eau couler dans la grande baignoire, seule une porte coulissante en bois isole la chambre. La radio, les informations du soir de RFI, se mêle aux souvenirs de la veille, dans ce minuscule bar où les bouteilles de whisky et les images de chats couvrent les murs. Celui qui connaît Guillaume en Egypte a droit à un verre de cette bouteille. Camus, Dora-Yaneck, «comme moi je t'aime, le peuple m'aime-t-il ? Est-il possible de faire une révolution avec tendresse ?»

Sous les cerisiers en fleurs, les morts dorment. Le marché de l'automobile est en chute libre. Barack Obama a demandé une aide au secteur de l'automobile. Ces deux femmes, qui parlent une langue que je ne comprends pas. L'armistice a été signé dans un wagon de train à Rethondes. C'est le 90e anniversaire de l'indépendance de la Pologne. C'est une guerre des nations, du nationalisme. Tomoyo servait en lamelles le fromage de brebis basque qu'un ami français venait de lui apporter. Tu ne seras pas là pour la fête du poulet. Des carrés de tofu que l'on n'a pas besoin de tremper dans la sauce de soja car deux petits poissons plats, salés, y sont collés, comme endormis sur leur lit blanc. Verdun, symbole de la résistance française et de l'acharnement allemand, devenu symbole de la réconciliation. Les Japonais ont suivi le chat au lieu d'en avoir peur. Le dernier poilu français mort l'été dernier. Le printemps du nord au sud, l'automne du sud au nord. Tu dors à côt