Emmanuel Hoog est président de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) et auteur d'un essai - Mémoire année zéro, au Seuil - à paraître le 10 septembre.
Peut-on, doit-on se passer de Google ?
Faire migrer les savoirs inventés dans le monde de l’analogique vers celui du numérique est nécessaire pour des raisons de survie et d’accès. Le problème est aujourd’hui économique. A juste titre, une entreprise privée comme Google demandera des contreparties, voudra maximiser ses profits. Pour cela, il lui faudra le maximum de contenus exclusifs pour générer le maximum de trafic et les liens commerciaux qui vont avec. Cette exclusivité est-elle acceptable ? A quelles conditions ? Par ailleurs, l’accès à des collections publiques est-elle compatible avec de telles demandes ?
Vous alertez sur un chamboulement des repères dû au passage au numérique…
Nos sociétés traversent une crise identitaire majeure. Les souvenirs, puis la mémoire et enfin l’histoire offraient jusqu’à récemment un continuum de sens, générateur de repères permettant à chacun de se situer au sein d’une communauté. Aujourd’hui, le numérique nous a tous transformés en producteurs de mémoire. Et Internet en diffuseurs prolixes de celle-ci.
Désormais, chaque communauté revendique le droit d’écrire sa propre histoire et de la faire connaître à une très grande échelle. Le récent débat sur les lois mémorielles témoigne de ce bouleversement. Sur Internet, l’accès à l’histoire se fait à travers les moteurs de recherche. Les critères de sélection des réponses sont-ils transparents ? Non. Il est urgent d’organiser de grandes universi