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Critique

DDR les fagots

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Photographie. A Berlin, trois expositions révèlent les tendances mode, punk et mélancolique de la RDA finissante.
publié le 29 août 2009 à 6h53
(mis à jour le 29 août 2009 à 6h53)

Aussi curieux que cela puisse paraître, il existait un magazine de mode en RDA, un seul, et il s'appelait Sybille, tellement chic qu'on le surnomma plus tard le «Vogue de l'Est». C'est Michi qui nous l'apprend, et il ajoute : «Mais bon, de toutes façons, les vêtements présentés n'existaient pas dans les magasins.» Il est étudiant en art, né à Berlin-Est il y a vingt-six ans. Il est venu à l'expo «In Grenzen frei (Libre dans certaines limites), Mode, photographie et underground en RDA 1979-1989» parce qu'il fréquente l'école Ostkreuz, liée à l'agence photographique du même nom, où enseignent encore deux artistes accrochés ici : Sybille Bergemann et Werner Mahler.

Résistances. Etonnant, puisque la mode, par définition narcissique et individualiste, n'est pas un concept franchement collectiviste. Mais Sybille émanait d'un très officiel institut qui servait de labo à la «couture d'Etat», très loin de toute vanité capitaliste. Comme dans les deux autres expositions photographiques qui se penchent sur les dernières années de l'Est, «In Grenzen frei» suggère que tout n'était pas si pourri du temps de la DDR (Deutsche Demokratische Republik, ou RDA en français), qu'il y avait de la résistance, ou mieux : les ferments d'une réforme. Les images choisies (et les modèles de vêtement exposés) insistent sur l'inventivité et la scène alternative, que ce soit à travers les robes postatomiques du collectif Allerleihrauh immortalisées par Bergemann e