C’est un homme à la silhouette frêle, qui vous contemple comme un désastre. Très Droopy, ou Woody. Sans doute Richard Price est-il né l’air fatigué et abattu, comme d’autres viennent au monde flanqués d’un épi ou les pieds palmés. Car à part ça, notre homme s’avère plutôt d’attaque. A propos de sa main atrophiée depuis la naissance, il dit : «Ben j’écris de l’autre.» Sur ses livres : «Non, je ne suis pas fataliste, ni particulièrement déprimé. Simplement, j’aime écrire sur les lieux ou les gens dont on détourne en général le regard. Montrer l’humanité, voilà ce qui m’intéresse, et c’est notre boulot à nous les écrivains, M’am.»
Richard Price, 60 ans sous peu, chronique depuis les années 70 l'Amérique urbaine, ses protagonistes sont des petites frappes, des prolos, des mères de famille dépassées, des écrivains ratés… Des vies minuscules qui virent par pichenettes à la tragédie. Avec cette spécificité : Price, visage très pâle d'origine juive mais qui est né et qui a grandi dans une cité HLM du Bronx où se mêlaient «Blancs, Noirs, Chinois… peu importe, c'est le revenu qui décidait», opère volontiers le cross-over racial, au point qu'un lecteur qui le découvre par Clockers (adapté au cinéma par Spike Lee), le présume à coup sûr black. D'autres cas sont connus, entre autres au sein du roman noir américain actuel (cf. George Pelecanos ou James Sallis), mais son antériorité, sa persistance et sa street credibility font de Price une référ