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Libération

Clichés engagés

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Photo. Les noirs et blancs de la guerre d’Espagne d’Agusti Centelles s’exposent au public. Inédit.
publié le 3 septembre 2009 à 0h00

Sur les murs, des hommes et des femmes en tenue de miliciens, trois gardes d’assaut utilisant des cadavres de chevaux pour s’abriter des balles, un homme nu sur un matelas de foin dans un camp… Pour que ces noirs et blancs de la guerre d’Espagne et de l’exil civil qui l’a suivie arrivent jusqu’aux murs de l’Hôtel de Sully, à Paris, il aura fallu attendre soixante-dix ans.Peu de vintages sont exposés, la majorité des tirages étant récente. Et s’ils saisissent par leur qualité esthétique, c’est avant tout le chemin parcouru pour les montrer au public qui impressionne. Car, comme leur auteur, Agusti Centelles (1909-1985), ces images ont une histoire mouvementée.

«Tout court». Le 19 juillet 1936, lendemain du coup militaire franquiste, les émeutes entre nationalistes et républicains éclatent à Barcelone. Le photographe est l'un des rares à posséder un appareil Leica, et se lance dans les rues de la capitale catalane pour enregistrer sur pellicule la garde civile, les anarchistes et les ouvriers dans la bataille. Certains clichés sont publiés dans les journaux, mais la plupart restent sous forme de négatifs. L'exposition «Agusti Centelles, journal d'une guerre et d'un exil, Espagne-France, 1936-1939», exhume ainsi les archives d'un des grands acteurs de la guerre d'Espagne, au même titre qu'un Robert Capa.

A son époque, Centelles est en effet «un reporter très connu», écrit Teresa Ferré dans la biographie qui vient d'être publiée (1). Il