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Libération

Barry Flanagan fait faux bond

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Décès. Le sculpteur aux célèbres lièvres avait 68 ans.
publié le 5 septembre 2009 à 0h00

Un lièvre géant plane au-dessus de Smith Haut Lafitte. Si les Cathiard l'ont installé gardien de leur vigne, c'est que le lièvre ne mange pas de raisin. Et il chasse les lapins, qui, eux, en sont friands. Le lièvre, c'était l'animal fétiche de Barry Flanagan, mort dans la nuit de lundi à mardi, à 68 ans, à Ibiza. Il lui a aussi fourré une pipe au bec, fait pondre un œuf, battre un tambour, jouer au Penseur (de Rodin), affronter l'Empire State Building (tel King Kong), exécuter un pas de danse (comme Nijinski), boxer sur un éléphant.

«Singeries». La bestiole a toute la liberté qui manque au craintif lapin. Il est, disait l'artiste à Libération en 1995, «un vaisseau qui traverse la vie». Il a pourtant toujours un côté facétieux qui nous rappelle immanquablement le lapin Bugs Bunny. Plutôt que celui de Lewis Carroll - trop cérébral -, on pense à ce second rôle des dessins animés, l'âne de Shrek ou l'écureuil de l'Age de glace, qui ne fait que des bêtises, le plus humain de tous. Et au-delà d'Oudry, Barye ou Bugatti, toute cette tradition animalière dont il disait se désintéresser, à ces «singeries» du XVIIIe dans lesquelles les peintres brossaient des singes musiciens, professeurs de philosophie, chefs militaires. Ou peintres. Faux dilettante, Flanagan savait se dégager par le rire. Et par l'amour de la matière.

Il ne lui déplaisait pas de veiller ainsi sur un cru classé bordelais, lui qui avait une certaine