Vous dites ne pas vous considérer comme un artiste.
Je me vois comme l’employé d’une entreprise, d’une usine sans nom, dont je me sens parfois l’esclave. Mais l’art m’apporte beaucoup, notamment du respect, et un plaisir ponctuel, quand j’arrive à sortir et à mettre sur pied un projet. Quand je ne produis rien, il me faut passer des mois à attendre que le projet se réalise, là c’est difficile. Le plaisir est temporaire, un moment qui peut durer deux heures ou une journée, rarement plus. Le reste du temps, on se sent assez différent des autres personnes, des autres travailleurs.
Qu’est-ce qu’être un artiste selon vous ?
C’est quelqu’un capable de définir ou de redéfinir le sens du langage , de vous faire voir le même objet différemment. Lorsque vous êtes à Luna Park ou dans n’importe quel parc d’attractions et que vous voyez un ballon, il est difficile de ne pas penser à la banalité. Un grand artiste peut redéfinir le sens des choses. Une fois qu’il a posé les yeux sur elles, elles ne seront plus jamais les mêmes.
Qui sont pour vous les grands artistes ?
Ceux qu'on aurait envie de tuer la nuit, ceux dont on est profondément jaloux [rires]. Non, les grands artistes sont des modèles, ils n'appartiennent plus à la sphère de notre monde humain. Je pense à Léonard de Vinci. Non seulement il a redéfini le sens de beaucoup de choses, mais aussi ce que c'est qu'être un homme. Il s'agit d'une contribution en terme d'art visuel, et à la façon de penser de notre genre humain.
Plus près de nous, il y a Andy Warhol qui a, comme Marcel Duch