Des cygnes, on en a vu dépérir, dans des positions d'ailleurs inacceptables pour un mort, sur les scènes du monde entier. La chorégraphe Robyn Orlin poudra la peau trop noire d'une danseuse. Car s'il existe bien un cygne noir, comme le rappelle Gilles Jobin dans son Black Swan, seules quelques personnes de couleur ont eu l'occasion de l'interpréter. Le cygne, et surtout son agonie, demeure un monument de ce que l'on nomma le ballet blanc, avec tutus intégrés. Cela n'empêcha pas quelques facétieux de détourner l'ouvrage du Marseillais Petipa (1893) pour lui donner une tonalité différente. Entre autres merveilles, nous vîmes crever le volatile flottant dans une version déplumée des Ballets Trockadero de Monte Carlo, sans oublier que Maïa Plissetkaïa proclama un jour qu'elle seule avait les bras du cygne, rejetant toute autre interprétation qui, à ses yeux, serait erronée.
bestiole. Que Mathilde Monnier, directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier, se penche sur la bestiole a de quoi étonner. Mais elle le fait d'une manière détournée. Au lieu d'en référer au trop fameux Lac des cygnes (Petipa, Tchaïkovski et compagnie), elle s'amuse à convoquer une autre chorégraphie qui ne rend pas la bête plus sympathique, celle de Fokine, qui fit une danse sur mesure pour la Pavlova en 1907 sur une musique de Saint-Saëns : la Mort du cygne. Ce n'est pas seulement pour éviter de traiter le domaine classique, mais plutôt pour mémoriser