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Libération
Portrait

Soulages, fondu au noir

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Depuis mercredi et jusqu’en mars, le centre Pompidou, à Paris, consacre une rétrospective à l’artiste français. Rencontre au cours de l’accrochage avec celui qui reste, à presque 90 ans, toujours en quête de lumière.
publié le 17 octobre 2009 à 0h00

Du haut de la nacelle Grove, Jacques, l’éclairagiste, dirige le projecteur en fonction des directives de Pierre Soulages ou de sa femme Colette qui, devant un triptyque, étudient les jeux de mat et de brillant dans la matière des stries. Le catalogue de l’exposition est leur road book : photographiées chez Soulages, les toiles ont été éclairées à son goût. A Sète, le triptyque est d’habitude animé par les réverbérations de la mer. Peinture222 x 421 cm, 30 septembre 1983, tel est son titre (1). «C’est la première fois qu’elle voyage», note Colette en riant, comme d’une amie casanière. Sète, c’est la maison que Pierre et Colette Soulages ont dessinée au-dessus du cimetière marin : ardoise, verre et béton, et puis la cime des arbres et la mer, celle qui s’est retirée de la toile. «L’idéal, plaisante Soulages, aurait été d’accrocher au Georges, le restaurant au sommet de Beaubourg, pour profiter de la lumière naturelle.» Tout le monde se marre, avant de se remettre au travail.

Pierre Soulages se lève : un géant se déplie. Haut de taille et large d'épaules, une stature si puissante qu'elle semble appartenir à une race primitive. Il est vêtu de noir intégral : chemise, pantalon de velours côtelé, baskets. Verticalité, grandeur, absence d'ornements, lumière intérieure : comme sa peinture, Pierre Soulages a de la présence. «Un champion», écrivait Roger Vailland, il y a plus de quatre décennies. «Un homme événementiel», renchérissa