Il y a un an, François Truffaut sortait de l’hôpital américain de Neuilly, où il avait été opéré pour un début d’hémorragie cérébrale. Le pire semblait évité. C’est pourtant le pire, hier, qui s’est produit. C’est un homme vieilli, aux cheveux blancs et courts, qui avait repris ses activités en 1984. Trop faible pour avancer dans le nouveau scénario auquel il travaillait (la Petite Voleuse), il se consacra à la promotion de son livre sur Hitchcock, qui venait d’être réédité. C’est ainsi que les téléspectateurs le virent à Apostrophes pour la dernière fois.
Quelques années plus tôt, ces mêmes spectateurs l’avaient vu rafler tous les césars pour le Dernier métro. C’était en 1980. L’énorme succès de ce film marquait, plus que la consécration du cinéaste, une sorte de reconnaissance unanime. La profession, le public, la grande majorité des critiques s’étaient peu à peu faits à l’idée que Truffaut, le plus français des cinéastes français, ambassadeur du cinéma hexagonal, était devenu une valeur nationale. […]
François Truffaut est le premier cinéaste important de la Nouvelle Vague à mourir. Prématurément (il n'avait que 52 ans) et inopinément. Car si quelqu'un semblait s'être organisé pour durer, c'était lui. […] De tous les acteurs de la Nouvelle Vague, Truffaut avait été le plus véhément, et c'est à partir de son célèbre texte de 1953, intitulé «Une certaine tendance du cinéma français», que la guerre entre l'équipe des Cahiers (celle de Godard, Rivett