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grand angle

Pas de quartier pour les éditeurs

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Après Flammarion ou Hachette, le Seuil va quitter le périmètre littéraire de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Non sans nostalgie, et en y gardant un pied-à-terre de prestige.
publié le 2 novembre 2009 à 0h00

Elles n'avaient jamais contemplé une telle brochette de mines consternées, les petites souris qui rôdent dans cet immeuble de Montrouge (Hauts-de-Seine) avec vue imprenable sur le périphérique, où les éditions du Seuil doivent emménager au printemps. C'était le 2 octobre. Une douzaine de responsables de la maison d'édition visitaient le bâtiment froid qui abritait voilà peu le QG français du pharmacien Pfizer. Le DRH du groupe La Martinière, qui a pris le contrôle du Seuil en 2004 et décidé du transfert, jouait les guides, vantant ici le grand restaurant d'entreprise - «la cantine ?» grinça un impertinent -, là l'emplacement du futur «show-room» du groupe. Comprendre : la librairie. Les mines s'allongeaient.

Pour un éditeur, comme il est douloureux de quitter Saint-Germain-des-Prés et son douillet écosystème ! Depuis 1945, le Seuil y a investi une multitude de petits bureaux, nichés entre Odéon et quai de Conti. Le bel if qui pousse depuis un demi-siècle dans la courette du siège, 27 rue Jacob, a fini par faire partie de l'identité visuelle de la maison. Si bien que l'exil au bord du périph, entre cantoche et show-room, ressemble autant à une punition qu'à une rupture. «Ce déménagement fera du bien à tout le monde», avait lancé Hervé de la Martinière, patron du groupe, dévoilant un talent d'humoriste discret.

Agitation centrifuge

Bernard Fixot avait tenu à peu près le même langage, lorsqu'en 1993, il avait arraché la maison Robert Laffont à la place Saint-Sulpice pour la