On se demande toujours comment aborder un mastodonte sans claquer des dents. Il faut dire que Bernard Sumner a de quoi impressionner : guitariste fondateur de Joy Division, fleuron de la cold-wave mancunienne, pour ne pas dire - selon certains - meilleur groupe de tous les temps, et naturellement devenu influence majeure pour la flopée de formations post-punk de notre époque ; puis chanteur du non-moins cité New Order, précurseur de la techno à la sauce Madchester, dont les beats écument tout aussi bien les clubs les plus prisés que les caves underground.
Modestie. Maintenant, Bernard Sumner perpétue la voie pop-folk ébauchée dans les derniers essais de New Order au sein de Bad Lieutenant, sans la basse de Peter Hook, parti pour (grosse) mésentente en 2007. Face à ces faits d'armes et ces trente ans passés à marquer l'histoire de la musique, on avance sur la pointe des pieds. Pourtant, exit le monstre supposé à l'ego maousse : Sumner, petit homme sans charisme, cheveux blancs et lunettes sur le nez, vient en toute modestie présenter un premier disque. «On est vraiment content que l'album soit sorti, ça le rend réel. Bad Lieutenant est un nouveau groupe, on a encore besoin de se roder, d'adapter certaines chansons au live.» L'enthousiasme du jeune premier paraît au rendez-vous - même si la recette de ce Bad Lieutenant n'est pas franchement différente de celle d'un New Order des années 2000 : section rythmique sur le banc de touche, guitare, chant et