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grand angle

Paris en guerre froide

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Historien de l’espionnage, Roger Faligot retrace la guerre que se livrèrent services de l’Est et contre-espionnage français jusqu’à la chute du Mur. Balade dans la capitale, côté ombres.
publié le 9 novembre 2009 à 0h00

Si le temps le permet, installez-vous à la terrasse du Café de la Paix, place de l'Opéra. Ouvrez le livre de Roger Faligot, Paris, nid d'espions, qui vient de paraître (1) et lisez. Le 16 mai 1969, peu après 13 heures, des policiers de la Direction de la sûreté du territoire (DST) arrêtent Hans Voelkner, assis juste à côté de là où vous êtes. C'est un lieutenant-colonel du HVA, le service d'espionnage de l'Allemagne de l'Est. Il tentait de reprendre contact avec Marthe Danilo, qui travaillait au service du chiffre du Quai d'Orsay. Pendant cinq ans, le maître espion de la République démocratique allemande (RDA), Markus Wolf, tentera de le récupérer, et un échange aura finalement lieu à Berlin, le 6 septembre 1974, grâce à l'entremise de l'écrivain Gilles Perrault.

Pour vous mettre dans l'ambiance, vous auriez pu commencer par aller boire un américano au Fouquet's (99, avenue des Champs-Elysées, dans le VIIIe), où James Bond avait ses habitudes lorsqu'il passait par Paris. Mais l'endroit n'a, dit-on, plus tout à fait la même réputation.

Du Café de la Paix, vous pouvez presque apercevoir le 36, avenue de l’Opéra, où l’Aeroflot avait son agence. Elle servait de couverture au GRU, le renseignement militaire soviétique. Fin 1964, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece) monte une opération pour faire tomber l’espion Sergueï Pavlov, officiellement directeur de l’agence. Grâce aux charmes d’une hôtesse de l’air française qui l’emmène e