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Critique

Rauschenberg-Tinguely, métaux hurlants

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Exposition . A Bâle, le museum Tinguely réunit l’Américain et le Suisse, dont la complicité avait exalté, dans les années 60, un art total.
par Alexis Jakubowicz, envoyé spécial à Bâle (Suisse)
publié le 3 décembre 2009 à 0h00

Dans les cales du Queen-Mary, le métal de Jean Tinguely. La rumeur est venue de Paris : un boutefeu débarquait avec, dans ses valises, des machines à peindre. En janvier 1960, l'artiste suisse, qui a le vent en poupe, se rend à New York pour une exposition monographique à la galerie Stäempfli. On y vient applaudir les sculptures Méta-Matic, montrées un an plus tôt à Saint-Germain-des-Prés.

Grille-pain. Désormais, l'avant-garde a passé l'Atlantique ; on célèbre un Homage to New York dans l'antre du MoMA. Le petit mécano des Nouveaux Réalistes y bâtit un colosse éphémère et le met en mouvement dans une pétarade enfumée d'odeurs et d'étincelles. Assemblé de baignoires, bouteilles et pianos, l'ensemble se réduit en cendres avec la main complice de Robert Rauschenberg. L'artiste américain, également lancé aux trousses d'un art total, admire le Fribourgeois et contribue à son Homage autodestructeur avec Money Thrower, un grille-pain déjanté qui propulse des dollars en argent.

Cette œuvre cinétique, relique d’une collaboration entre les deux artistes, est présentée au museum Tinguely jusqu’à la mi-janvier. L’institution bâloise réunit les «petits-fils» de Marcel Duchamp pour témoigner d’une révolution de l’art traditionnel.

Taillés au bois du ready-made, Tinguely et Rauschenberg redéfinissent les conditions de l'œuvre en impliquant le spectateur dans un mouvement : l'un utilise des moteurs électriques (le Soulier de Mad