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Libération

«La Saint-Roger, c’est du lourd»

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publié le 9 janvier 2010 à 0h00

Je mets mes écouteurs : «Arthur Cravan was a flor fina» de Pascal Comelade. Tous les bars semblent fermés. La rue de la Bidassoa ressemble à un fouetté de savate. Voici enfin le studio de l'Ermitage, le temple secret de Sir Roger. La Saint-Sylvestre n'est pas encore née que les portes de 2010 s'ouvrent aux Boula Matari. Voici la fanfare aux rites éthyliques et ésotériques. Mis-clos m'explique : «Ils ne jouent pas pour l'argent, mais pour le plaisir. Ils sont donc très méchants !» C'est pour ça qu'ils ont apporté gratuitement du pain, des rillettes, pâtés, fromages et huîtres. Un Allemand barbu me tape dans le dos. «Qu'est-ce que tu fais ici ?» me demande-t-il. «Oh ! Ich bin Mitglied des gebildeten Lumpenproletariats.» Il éclate de rire et disparaît. Mis-clos a une bière dans chaque main. «Lui, là-bas, me dit-il, celui qui a une trompette, c'est un punk franc-maçon ! La plupart des fanfarons sont architectes. Le petit là, avec son gros cuivre, il construit une église.» «Mais qu'est-ce que tu lui as dit à l'Allemand ?» me demande le Baron de la Force. «Oh ! Simplement que je suis membre du Lumpen prolétariat cultivé !» Le Baron remet en place ses lunettes rondes d'aristocrate curieux. «Je t'aime bien quand même !» me dit-il.

Les tonitruants architectes avec leur pogo sans équerre se mettent à jeter hommes et femmes en l'air. Je vois passer des types qui s'écrasent lamentablement, même des filles en minishor