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Critique

Erró en épopée

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Exposition . Beaubourg consacre une rétrospective de cinquante ans à l’artiste islandais, maître en collages.
publié le 6 mars 2010 à 0h00

En 1963, Erró est à New York. C'est soir de vernissage au musée Guggenheim. Tout Manhattan s'y presse ; lui n'est pas invité. Il s'y présente quand même, en compagnie de Larry Bell et de Roy Lichtenstein. Tous les trois sont munis de fausses invitations «handmade» : ça passe. Depuis, l'artiste a falsifié d'autres cartons, jusqu'à celui de sa propre exposition au Centre Pompidou, inaugurée en février. C'est qu'on n'est vraiment pas sérieux quand on a 77 ans.

Ciseaux. Né Gudmundur Gudmundsson en 1932, Erró revient sur cinquante ans de collages à la galerie d'art graphique de Beaubourg. Le Musée national d'art moderne a reçu de l'artiste 66 œuvres en donation et paye son tribut d'une belle rétrospective. Ici, pas un coup de pinceau, mais des coups de ciseaux à fond les tubes de colle. Le commissaire Christian Briend montre pour la première fois les travaux découpés et collés de ce peintre islandais qui procède à l'inventaire accidentel de son imagination.

Depuis 1958, Erró récole des images dans la presse à grand tirage et les assemble en mosaïque. A l'origine de nombreuses toiles, ces collages ont néanmoins une grande autonomie plastique. Il devenait urgent de faire entrer ces créations dans l'histoire de la «figuration narrative», un mouvement dont l'artiste tient à préciser qu'il n'a jamais eu de manifeste. C'est dire l'importance de cette exposition pour lui, l'occasion de régler des contentieux avec l'histoire de l'art et d'y trouver sa place. On se