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Libération
Critique

Théâtre le sexe des «anges»

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publié le 3 avril 2010 à 0h00

Est-il encore possible de bousculer en parlant de sexe ? Vu l'émoi qui électrise le public de l'Impasse des anges, on est tenté de le croire. «Il n'y a pas de rapport sexuel», disait Lacan, suscitant ricanements et incompréhension. Quarante ans plus tard, le trouble persiste. Car l'Impasse des anges c'est l'histoire de cette non-rencontre avec l'autre dans notre sexualité moderne, dictée par la poursuite effrénée de la jouissance.

Alain Gautré, le metteur en scène, raconte cette «impasse» amoureuse à travers une savoureuse galerie de personnages, tous à la recherche de leur satisfaction, tous désespérément seuls.

Sous nos yeux s’ouvrent de grands panneaux blancs dévoilant une succession de scènes prises sur le vif : une jeune femme prend son pied grâce à un amant de passage qui ne la désire que pour sa poitrine ; dans un club échangiste, une cinquantenaire monologue sur sa vie sans avoir conscience de ce que l’on fait de son corps, sous l’œil avide de personnages masqués ; deux hommes se masturbent devant un porno tout en philosophant sur leur solitude. Et jamais de nudité pour servir le propos. La force de la scénographie réside dans ce qui est suggéré.

Assis, côte à côte, les comédiens incarnent cette incapacité à fusionner. Mais sur cette décence des corps, vient se poser un texte particulièrement cru. Pathétiques, folkloriques ou égarés, les personnages offrent un reflet d’eux-mêmes parfois hilarant, parfois gênant. L’ensemble est servi par un hum