«Welcome to the Hell Sarajevo.» Une inscription sur un mur, dans une ville vide. Présentée à Sarajevo en décembre dernier, l'exposition «Notre Histoire» arrive à Paris et nous replonge dans la douloureuse période de 1992 à 1995, à travers une mosaïque sur la guerre de Bosnie. Sarajevo vidée et sa Sniper Alley, des réfugiés dans une forêt, les postes-frontières, les cadavres dans les rues. Seize photographes, français, bosniaques, croates, américains, espagnols, ont ressorti leurs clichés, à la fois témoignage et ressenti personnel du conflit.
«Royaume». Ces regards ont permis de cerner des lieux, mais plus encore des visages. Certaines vues ont fait la une des journaux occidentaux à l'époque. D'autres sont restées dans des boîtes. Ces archives révèlent à nouveau le conflit, quinze ans après les fragiles accords de Dayton, quinze ans après la création du centre André-Malraux à Sarajevo. Fondée en 1994 par Francis Bueb, cette librairie s'est fixé pour but de continuer une action culturelle en plein cœur de la ville. Journalistes, photographes, écrivains, représentants d'ONG s'y croisent au gré des allées et venues. Certains des photographes de «Notre Histoire» y sont passés, comme Gérard Rondeau. Il témoigne du refuge que l'endroit, «royaume farfelu, grave et fraternel», a pu être pour eux, mais aussi pour de simples passants. Ceux-là même qui, fixés par Laurent Van der Stockt, photographe pour Gamma et Newsweek, courent dans Sniper A