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Critique

Lemaire, l’autre Madeleine de Proust

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Arts. Une exposition du musée Marmottan fait revivre les salons de la Belle Epoque, dont celui de cette artiste, modèle de Mme Verdurin dans «la Recherche».
publié le 30 avril 2010 à 0h00

Madeleine Lemaire est à nouveau reine de Paris. Du moins dans le périmètre des salles du musée Marmottan, où sa splendeur d'antan est ressuscitée par une expo singulière. Cette femme peintre tint un des salons les mieux fréquentés de la Belle Epoque. Les lecteurs de Marcel Proust savent qu'elle a prêté quelques-uns de ses traits à Mme Verdurin : son autorité de «patronne», son franc-parler, son énergie, entre autres.

Mais peu savent que Madeleine Lemaire (1845-1928) ne se résume pas qu’à cela. Et même qu’elle vaut bien mieux. Marmottan présente une trentaine de ses œuvres - pastels, huiles et surtout aquarelles de provenance diverses - qui suffisent à prouver le réel talent d’artiste d’une femme qui exposa dès l’âge de 19 ans.

Cette réunion de tableaux - la première expo de Mme Lemaire depuis 1924 ! - aurait déjà suffi au bonheur des amateurs d'aquarelles à l'œil proustien. Mais les commissaires de l'exposition, Bernard Grassin-Champernaud et Jacques Taddéi, se sont dit que, tant qu'à réveiller le souvenir de «la patronne», autant essayer dans le même mouvement de recréer l'ambiance de quelques-uns des salons qu'a fréquentés Proust : ceux de la princesse Mathilde, de Marguerite de Saint-Marceaux, de la princesse de Polignac, et bien sûr celui de Madeleine Lemaire, que l'auteur de la Recherche a visité plus assidûment que les autres.

Emancipation. Cette évocation des salons huppés où se croisaient musiciens, écrivains et peintres est réalisée