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Critique

Giacometti et Buren font bande à part

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Silhouettes contre peintures… Les œuvres des deux artistes mises en perspective chez Kamel Mennour.
publié le 15 mai 2010 à 0h00

En proposant «Daniel Buren & Alberto Giacometti, œuvres contemporaines 1964-1966», le galeriste Kamel Mennour présente certainement l’exposition la plus inattendue qu’on puisse envisager. Car le rapprochement des deux artistes s’apparente plus au mariage de la carpe et du lapin ou, selon la célèbre phrase de Lautréamont, de la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie.

Leur seul point commun, comme indiqué dans le titre, est la très courte période, deux ans, durant laquelle Buren et Giacometti travaillent tous les deux à Paris, sans pour autant se croiser. Mais, comme le précise Buren, «il est intéressant de créer ce télescopage accidentel pour montrer ce qui se faisait ici au même moment». Une sorte de hic et nunc situé à l'époque où la scène artistique bascule de Paris à New York, après l'avènement de Robert Rauschenberg à la biennale de Venise en 1964.

Alors, si l’argument de l’expo peut sembler léger, le résultat est indéniablement amusant et instructif. On découvre en effet un Giacometti à la fin de sa vie (1901-1966) et au sommet de son art, comme le rappelle ici la petite dizaine de têtes prêtées par la fondation Alberto et Annette Giacometti. Et un Buren (né lui en 1938) débutant, balbutiant, à la recherche de son langage, avec quelques toiles de 1966 (sur une vingtaine au total), signant la naissance de son «outil visuel» : les fameuses bandes qu’il ne faut jamais considérer pour elles-mêmes, mais comme u