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Libération
Enquête

Joujouka, le club des soufis stones

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World. Ce petit bled perdu dans le Rif marocain a abrité son troisième festival de musique soufie, qui s’est achevé hier. Entre transe panique, kif et mythologie hippie.
publié le 7 juin 2010 à 0h00

Trois jours et trois nuits en plein Rif marocain : depuis vendredi et jusqu’à dimanche, les maîtres musiciens soufis ont joué chez eux, entourés de leurs familles, dans le bled sans doute le plus réputé du Maroc. Joujouka est minuscule, perché sur une hauteur qui domine un lac ; des montagnes et d’immenses vallées vert fluo. Les maisons, pauvres, sont pour beaucoup d’entre elles restées en ruine depuis les bombardements de l’aviation du général Franco dans les années 30.

Depuis des siècles, les Marocains connaissent le lieu et s'y rendent en pèlerinage. A partir des années 50, ce sont les beatniks puis les hippies célèbres qui font le déplacement. Et si personne ne parle anglais au village, tous ses habitants maîtrisent le name dropping : les Rolling Stones, Ornette Coleman, Paul Bowles, William Burroughs, Sonic Youth ou les Smashing Pumpkins. Tout ce beau monde est réellement venu à Joujouka pour rencontrer les stars du cru : les maîtres musiciens soufis (lire page suivante).

Une douzaine d’hommes, assis en tailleur, forment un cercle. Djellaba noire sur chemise blanche, toque jaune, pieds nus. Les pipes à fumer tournent, les tambours et les flûtes s’échauffent. Une voix se lance, rocailleuse et haute. D’autres encore suivent, en canon. Les airs sont lancinants, répétitifs, on s’installe dans un temps qui s’étire. Une heure, deux heures, une nuit. Les musiciens soufis, une fois lancés, ne s’arrêtent plus.

Diablotin.On somnole presque