Un des plus grands orfèvres de la construction navale vit sous une cathédrale de tôle ondulée au lieu-dit Kerran à Saint-Philibert (Morbihan). Il attend ce jour-là, l'œil charbonneux et les sourcils en broussaille, «un client venu de Paris» qu'il va immédiatement refroidir en lui expliquant que la construction de son bateau de 12 mètres lui coûtera trois fois le prix du marché et qu'il ne pourra en jouir que… dans dix-huit mois, «si tout va bien». Charlie Capelle, 55 ans, est connu dans le milieu naval pour fabriquer des voiliers uniques et pour sa passion «déraisonnable» et proche de la dinguerie pour un petit trimaran, couleur coquille d'œuf, vieux de 30 ans, qui s'appelle Acapella. Mais enfin, Capelle-Acapella ? «Il s'appelait comme ça. Sur le coup, ça m'a sauté aux yeux, c'est sûr.» N'importe quel freudien sourirait à cette homonymie si claironnante. Capelle a lié son histoire à ce 12 mètres au début des années 80, sur la côte Est des Etats-Unis. C'est depuis une passion inentamée. Extatique, même. «Une névrose, mais une névrose constructive», dit-il en buvant de la limonade, car Charlie ne boit que de la limonade, d'où cette ivresse légère due aux bulles quand Capelle parle de son bateau. S'il y a des gens qui mettent leur vie en bouteille, lui a fixé la sienne comme un aimant à ce petit maître de 2,9 tonnes qui, après des milliers d'heures de chantier, mouille depuis fin juin au pied du môle Caradec de La Trinité-su
Portrait
Capelle capitaine fracas
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publié le 13 juillet 2010 à 0h00
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