Menu
Libération
Interview

«L’arbre, gardien de l’être humain»

Article réservé aux abonnés
[Histoires de mémoire]. Pour se libérer des héritages et du passé, Julie Bertucelli a tourné son dernier film en Australie.
publié le 16 juillet 2010 à 0h00

«Un oubli récurrent ? Mes rêves nocturnes. Toute la journée, je cherche à m’en souvenir, et évidemment, c’est lorsque j’oublie de m’en rappeler que quelques images reviennent, subrepticement. Ils nourrissent tellement le travail qu’être coupée d’eux est un problème. Parfois, j’arrive dans la salle de montage très en forme, et je n’ose pas dire que toute cette énergie n’est pas le fruit de la concentration, mais de la somnolence. Je suis restée au lit à rêvasser et c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour travailler.

«Je n’écris pas mes rêves, c’est un regret, même si l’écriture est un effort réducteur pour fixer ce qui est nébuleux, dense, complexe, par essence non linéaire. Si je les écrivais, je pourrais les oublier de nouveau, ça libérerait de la mémoire, je les relirais, et je m’étonnerais d’avoir produit de tels songes prémonitoires ou que le passé et le futur se confondent à ce point.

«Il y a pourtant un rêve dont je me souviens, car il était récurrent. Enfant, je rêvais toujours que j’arrivais en plein milieu de l’océan, je faisais du crawl à l’envers, et au bout de cent sept mouvements, j’atteignais une maison flottante. Cent sept, c’était mon âge final, et je me réveillais en ayant assez peur de vivre aussi longtemps. Il y avait aussi une rue silencieuse de mon enfance. Tous les volets s’ouvraient et des personnages monstrueux ou inquiétants apparaissaient.

La fragilité fait la force

«Dans la famille que je filme dans l'Arbre (sortie en s