Menu
Libération

Projectionnistes dans le flou

Article réservé aux abonnés
Avec le passage au numérique et le succès de la 3D, les techniciens de l’ombre se sentent condamnés, sur fond de mouvements sociaux.
publié le 20 juillet 2010 à 0h00

Le progrès technique a un pouvoir enchanteur. Qui, dans le domaine du cinéma, a réussi à drainer 15 millions de Français devant le film Avatar et ses promesses de sensations en relief. Parallèlement à cet engouement - et aussi conséquemment -, un des plus vieux métiers du 7e art est en train de disparaître. D'ici quelques mois - au mieux une paire d'années -, le cinéma aura opéré sa mutation vers le tout-numérique. Laissant derrière lui un cimetière de bobines et de projecteurs 35 mm, et entraînant avec la disparition du projectionniste.

Casse. L'extinction inéluctable d'un métier attire son lot de casse sociale. Depuis plus d'une semaine, des grèves spontanées affectent quotidiennement les salles UGC en France. En cause : la suppression de 45% des postes de projectionnistes (95 sur 215), en sus d'une conversion des 371 salles au numérique, à horizon 2012. L'exploitant cinématographique a longtemps résisté à la vague numérique. Mais avec le succès d'Avatar début 2010, le manque à gagner pour UGC est estimé à 800 000 entrées, et son image de marque en a pris un coup. Le groupe ne pouvait pas décemment répéter l'erreur face à l'arrivée des mégaproductions Toy Story 3 et autres Alice au pays des merveilles. «Ils se sont précipités pour rattraper leur retard», estime Emmanuel Mougnol, délégué CGT à l'UGC Orient-Express à Paris. Présenté en juin, le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) d'UGC entérine la trans