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De Cues à Bernkastel-Kues

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[Un penseur, un lieu. ] . Aujourd’hui le mathématicien, philosophe et homme d’Eglise qui, sur les bords de la Moselle allemande, prôna la «docte ignorance».
publié le 24 juillet 2010 à 0h00

Sans lui, on serait encore au mois de juin. Du moins s'il n'avait pas présenté au concile de Bâle, en mars 1437, sa Reparatio Kalendarii qui, entre mille discussions théologiques, mathématiques et astronomiques, finira par convaincre le pape Grégoire XIII de faire du samedi 15 octobre 1583 le lendemain du vendredi 4, autrement dit de remplacer le calendrier julien par un nouveau, dit grégorien - adopté depuis par la plus grande partie du monde occidental. Sans lui, qui a inventé l'hygromètre, on ne saurait pas combien il a fait humide hier. Peut-être, croirait-on toujours - heureusement Bruno, Copernic, Képler ou Galilée l'ont écouté ! - que l'Univers a la Terre en son centre et une circonférence qui le délimite.

Mille méandres

Nicolas est peu connu hors des cercles des spécialistes, bien que presque tout le monde ait entendu citer le titre de son œuvre principale, De la docte ignorance (1). Dans son Autobiographia (1449), il dit être né à «Cusa», dans «le diocèse de Trèves», de Catharina Hermann Roemers et de Iohan Cryfftz, qui était «nauta», marin. Cryfftz est en patois mosellan l'équivalent de Krebs, crabe. On l'appelle Nikolaus von Krebs. A l'université, il est inscrit sous le nom de Nycolaus Cancer de Coesze, puis de Nicolaus Cusanus. En allemand, il est Nikolaus von Kues, en français Nicolas de Cues, ou «le Cusain». C'est l'un des plus grands esprits du XVe siècle, dont Ernst Cassi