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Libération

Avec vue sur la mer intérieure

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[D’une rive à l’autre]. Toute la semaine, notre série sur les ponts. Aujourd’hui, une digue ingénieuse qui s’élance à travers les Pays-Bas.
publié le 3 août 2010 à 0h00

«Tout gamin, j'étais persuadé que cette ligne droite de 32 km dans la mer pouvait rivaliser avec les ponts les plus longs du monde. Je l'appelais "le pont de la Frise", même si ce n'était qu'une digue, sans doute la plus impressionnante de notre pays.» Pour Thijs Bakker, un ingénieur de 64 ans, l'Afsluitdijk (prononcez afsleuillt-deïk), la «digue de fermeture» représente bien plus que la route des vacances. Un trajet qui rallonge un peu, mais qu'il préfère toujours à l'autoroute Amsterdam-Groningue, pour aller dans la province de la Frise, la Bretagne des Pays-Bas.

Cet ouvrage de 90 mètres de large, qui relie le village de Den Oever à Zurich, a changé la physionomie du pays. En fermant définitivement le golfe de Zuiderzee, la digue a séparé de la mer du Nord une vaste étendue d’eau, devenue douce et rebaptisée Ijsselmeer. Un très grand lac que les Néerlandais considèrent comme une mer intérieure.

«Avec nos yeux d'enfants, traverser l'Afsluitdijk en voiture, c'était toujours une aventure, raconte Thijs Bakker. Nous comptions les kilomètres et faisions des paris sur les écluses qui se trouvent en bout de digue, de chaque côté. Seraient-elles fermées ou ouvertes pour laisser passer les bateaux ?»

Vaste miroir à nuages

Est-ce à cause de l'Afsluitdijk ? Thijs Bakker s'est pris de passion pour tous les aspects techniques de la longue lutte contre l'eau qui a marqué l'histoire de son pays, et continue d'en déterminer l'avenir. «C