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Chloé Delaume, la fiancée de «Donkey Kong»

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[À quoi tu joues ?] . L’écrivain, gamer précoce, a plongé dans «Final Fantasy VII» avant de tomber sous l’emprise des «Sims» et d’en faire un objet de travail.
publié le 7 août 2010 à 0h00

Entendre l’écrivain Chloé Delaume, c’est écouter une machine à décomplexer. Pour elle, il n’y a pas l’ombre d’un doute : le monde du jeu est un monde immense et important. Tous les joueurs qui doutent ou dépriment devraient aller fouiller ses livres ou ses écrits Internet (1), qui expriment cet aspect à la fois exaspérant et irremplaçable du jeu vidéo. Chloé Delaume est précieuse, pour cette honnêteté qui lui donne le courage de dire à notre place à quel point le jeu vidéo est génial et monstrueux, merveilleux et complexe, innocent et cynique, pur et violent. Au fil de la discussion, elle va attacher au jeu vidéo les grands adverbes qui nous permettent d’ordinaire d’affronter les vastes catégories de la pensée et du comportement en société humaine : «symboliquement», «socialement», «politiquement», «psychologiquement» et même «sexuellement».

Quand on pense que tout a commencé avec Donkey Kong… Il faudra un jour étudier l'influence du petit gorille bondissant sur la culture du XXIe siècle. Non pas sa présence effective parmi nous - la licence Nintendo étant depuis longtemps fanée malgré des tentatives de résurrection -, mais sa présence par rémanence, spiritisme peut-être, dans la mesure où il nous hante après sa mort. Le fait est là : Donkey Kong reste, avec Mario, la mascotte traumatique des enfants nés dans les années 70 et suivantes. Celle de Chloé Delaume, donc. «Mon père, qui voyageait en Asie pour son travail, me rapportait souv