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Le (futur) pont le plus long du monde

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[D’une rive à l’autre]. Dernier épisode de notre série. Aujourd’hui, l’ouvrage qui devrait sceller, un jour, l’amitié entre Bahreïn et le Qatar.
publié le 7 août 2010 à 0h00

En 1867, le puissant émir Muhammad al-Khalifa de Bahreïn décida de mettre au pas les turbulentes tribus de la côte orientale du Qatar, qui étaient entrées en rébellion contre sa tutelle et refusaient de payer tribut. Il rassembla une flotte jamais vue, qui vogua jusqu’au port d’Al-Wakrah, l’un des deux principaux centres de pêche aux perles. Prenant les insurgés par surprise, les troupes bahreïnies les taillèrent en pièces et détruisirent les villages côtiers, dont Al-Wakrah et Doha, actuelle capitale du Qatar.

Une victoire militaire totale pour Muhammad Ier, le Louis XIV bahreïni. Mais un fiasco diplomatique : l'invasion étant illégale au regard d'un traité de 1820 entre la monarchie de Bahreïn et la couronne britannique, qui exerçait un protectorat sur la péninsule arabique, Londres dépêcha le colonel Pelly, qui imposa à Bahreïn une séparation avec sa dépendance qatarienne. Au Qatar, les tribus se mirent d'accord pour désigner un représentant chargé de négocier avec l'Empire britannique : il s'agissait d'un marchand respecté, Muhammad ben Thani, dont la famille est encore assise aujourd'hui sur le trône du pays. Pendant longtemps, la famille Khalifa de Bahreïn considéra que le Qatar - né en 1878 mais réellement indépendant de la tutelle britannique depuis 1971 - n'était qu'une création sans légitimité.

Dimension hors normes

Aussi, le pont qui doit relier, dans les prochaines années, la péninsule du Qatar et l’île de Bahreïn ne sera pas seulement le