Depuis qu'il a été nommé directeur général du musée d'Art moderne de Saint-Etienne (Loire), en juillet 2003, Lóránd Hegyi est resté fidèle à sa politique d'expositions temporaires, qui consiste à montrer des artistes importants, historiques, mais pas à la mode. A l'instar de Roman Opalka en 2005, Sean Scully (2008), Mario Schifano (printemps 2009), Braco Dimitrijevic (été 2009)... «J'essaie de présenter des œuvres authentiques et conséquentes, historiquement reconnues par les spécialistes, mais souvent marginalisées, voire un peu oubliées, en tout cas peu présentes dans les musées», précise Lóránd Hegyi. Il le prouve une nouvelle fois cet été avec Richard Nonas, bel exemple de ces artistes qui, selon Hegyi, ont «une vision, une philosophie, une attitude morale très solides et qui ne changent pas avec l'air du temps».
Granit. On s'en rend compte dès le début du parcours avec Ulysses in Dogtown (2010), une installation monumentale, réalisée spécialement pour l'occasion, qui occupe les 500 mètres carrés de la première grande salle. Composée de cinq lignes en granit de 20 mètres de long, barrées chacune perpendiculairement de dix-huit blocs de la même pierre, plus petits, rectangulaires, comme des tirets. C'est sec, radical, minimal. D'une force impressionnante, l'œuvre est un parfait condensé de la démarche de cet artiste né en 1936 à New York - où il vit encore aujourd'hui - et qui a souvent été rapproché de l'art minimal. Mais lui-m