Pour beaucoup, il restera ce monument de force tranquille qui a, osons le dire, plombé des années durant les petits écrans à chaque rediffusion de la série des Maigret. Bruno Cremer, mort samedi à 80 ans des suites d'un cancer, n'y était pour rien, le personnage était ainsi et il reconnaissait d'ailleurs qu'il s'était escrimé à «gommer le côté vieillot, pantouflard et paternaliste» du commissaire inventé par Georges Simenon, un flic manquant singulièrement d'humour.
Cicatrice. En réalité, Cremer incarnait bien plus que cela. Une force de séduction discrète jusqu'à l'épure, un jeu tout en silences et en déplacements dans l'espace, et osons-le cette fois avec enthousiasme, un pan de l'histoire du cinéma français. Cremer, c'était l'antipeople, l'anti-bling-bling.
Né le 6 octobre 1929 à Saint-Mandé, près de Paris, dans une famille bourgeoise de trois enfants, il se sen très vite à part, peu doué pour le chemin convenu tracé par ses parents. Solitaire, rêveur, il s'évade dans des histoires imaginaires, joue des rôles qu'il s'invente. Après ses études secondaires (il rate son bac), il suit des cours au Conservatoire de Paris, au côté de Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Sa carrière démarre vraiment en 1965 avec la 317e Section, de Pierre Schoendoerffer. «J'ai toujours conservé une vraie amitié avec lui, ce qui est rare dans le milieu du cinéma», confiait hier le réalisateur.
Bruno Crémer se refusait à to