Deuxième film de Julie Bertuccelli, présenté en clôture du dernier Festival de Cannes, l'Arbre est d'abord une caméra, qui capte aussi bien l'infiniment petit - l'imperceptible lenteur de la tristesse qui mute malgré soi l'âge de raison d'une petite fille - que l'infiniment grand - le déploiement d'une tempête ou d'un arbre qui n'en finit pas de s'exprimer, mais aussi d'être écouté. Charlotte Gainsbourg est Dawn, une mère qui attend son mari, en ne faisant rien, ou si peu. L'amour se dit avec des riens, des mots de tous les jours. Mais cinq minutes après son commencement, le film semble s'arrêter. La voiture déambule et les filles rigolent. «A quoi tu joues, papa ?» Crise cardiaque, il est mort, et le véhicule bute sur le tronc. Comment fait-on, ensuite, pour poursuivre le film ? Comment fait-on pour que la vie s'entête ? Julie Bertuccelli n'est pas Bergman, et son film n'a rien d'un manuel de survie à un deuil ou à la dépression. Pas de discours ici, ni même de gros plans sur des visages dévastés.
Repérages. La beauté de l'Arbre tient à sa manière de suivre les quatre enfants et leur mère s'inventer leurs issues, jamais évidentes, ni exemplaires. Un film joyeux au cœur de l'absence, c'est une première et c'est sa particularité. Comment filmer ce qu'on connaît en échappant à la trop grande familiarité ? Et montrer ce qu'on découvre en évitant l'exotisme ?
Julie Bertuccelli se tient constamment entre l’intime et l’immensité, la douleu