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Libération

Sous les coups d’un homme à fables

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[L’amour à mort]. Crimes passionnels, dernier épisode. La chute d’un homme plus intelligent que la moyenne, plus menteur aussi.
publié le 14 août 2010 à 0h00

Rachid (1) est un jeune homme costaud, brun, métis franco-marocain, beau garçon, même si lui dit qu'il se trouve moche. Il a grandi à Rouvroy (Pas-de-Calais), élevé à coup de ceinture par une mère tyrannique et un beau-père violent, mais de ça, des humiliations quotidiennes, des journées sans repas, il ne parle à personne. Lorsqu'Elodie le rencontre, en 2005, elle tombe sous le charme de ce garçon de 25 ans, intelligent et cultivé, qui s'exprime bien, «qui a une prestance». Il est alors serveur dans un bar. Cela ne va pas durer, explique-t-il à Elodie, car il a fait des études, il a des diplômes, il a travaillé au Québec, au Japon, en Angleterre… Rachid cherche un emploi de cadre, qu'il ne tarde pas à trouver.

Elodie, elle, est encore étudiante. Ceinture noire de judo et championne d'équitation, cette petite blonde énergique rêve déjà, malgré ses 20 ans, de s'installer dans une belle maison et de faire des enfants. Comme elle a une voiture et du temps libre, elle accompagne Rachid le matin à son nouveau travail, et va le chercher le soir. Elle le regarde marcher vers le grand entrepôt, parfois en costume-cravate lorsqu'il a «des réunions», les autres jours en pantalon et polo. Il est «responsable logistique» chez un distributeur audiovisuel, il gagne 2 200 euros net par mois. Une «bonne situation».

Rachid habite chez sa grand-mère, tandis qu’Elodie est hébergée par son père. Un soir de février 2008, il lui propose d’acheter une maison et de